Ivermectine : Merck ne trouve pas d'effets favorables sur la Covid-19 dans les études. Serait-ce à cause d'un autre traitement ?

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FranceSoir
Publié le 05 février 2021 - 20:15
Mis à jour le 06 février 2021 - 17:35
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Ivermectine : Merck ne trouve pas d'effets favorables sur la Covid-19 dans les études. Serait-ce à cause d'un autre traitement ?
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Dans un communiqué de presse paru ce 4 février 2021, le géant pharmaceutique Merck, qui a annoncé plus tôt dans la semaine arrêter son vaccin contre la Covid, fait une déclaration sur l’utilisation de l’ivermectine comme traitement contre la Covid-19. Après les communiqués de presse du laboratoire Gilead sur le remdesivir et ceux sur le vaccin de Pfizer, Moderna Therapeutics et AstraZeneca, les lecteurs ont pris l’habitude de voir les sociétés pharmaceutiques vanter les mérites de leurs produits par le biais de communiqué de presse, parfois même repris dans certaines communications des autorités et régulateurs.

L’ivermectine est un traitement qui a fait l’objet de beaucoup d’études randomisées contrôlées, et dont le Pr Hill de l’université de Liverpool a produit une méta-analyse concluant à son efficacité. Me Teissedre, avocat de 500 médecins, a saisi le Conseil d’État pour soumettre une demande de recommandation temporaire d’utilisation pour l’ivermectine à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Lors de cette audience, l’ANSM a déclaré s’être autosaisie de cette demande qui est normalement faite par les laboratoires fabricants. De plus, l’ANSM a indiqué n’avoir pas reçu de demande de RTU des fabricants de la molécule. Le laboratoire Merck en est un.

Dans ce communiqué de presse, Merck indique sa position concernant l'utilisation de l'ivermectine pendant la pandémie COVID-19. 

« Les scientifiques de la société continuent d'examiner attentivement les résultats de toutes les études disponibles et émergentes sur l'ivermectine pour le traitement du COVID-19 pour des preuves d'efficacité et de sécurité. Il est important de noter qu'à ce jour, notre analyse a identifié :

  • Aucune base scientifique pour un effet thérapeutique potentiel contre COVID-19 à partir d'études précliniques ; 
  • Aucune preuve significative de l'activité clinique ou de l'efficacité clinique chez les patients atteints de la maladie COVID-19, et ; 
  • Un manque préoccupant de données de sécurité dans la majorité des études.

Nous ne pensons pas que les données disponibles soutiennent l'innocuité et l'efficacité de l'ivermectine au-delà des doses et des populations indiquées dans les informations de prescription approuvées par l'agence de réglementation. »

La suite du communiqué de presse porte sur l’indication et utilisation du Stromectol le nom de leur médicament ivermectine, les effets indésirables, les contre-indications. Bref tout ce que l’on peut trouver sur un médicament.

 

Merck ne regarde pas toute la bibliographie disponible sur l'ivermectine

On ne peut que se poser la question de savoir si le communiqué de presse de Merck ne répondrait pas à la mode des laboratoires de regarder seulement leurs données en ayant un biais de fabricant.

En effet, la méta-analyse du Dr Hill, n’est pas mentionnée, pas plus que l’étude faite par le Dr Kory aux Etats-Unis. On a l’impression que des pans entiers de la recherche disponible ne sont pas analysés, ou seulement partiellement pris en considération. Le Dr Hill nous avait dit :

« l’ivermectine serait-elle seulement efficace seulement dans les pays pauvres ? »

Pas plus tard qu’hier, nous publiions l’analyse scientifique faite par le Dr Lesgards pour le collectif de médecins et qui a été soumise à l’ANSM moins d’une semaine après la décision du Conseil d’État. La conclusion est sans appel :

« Il n’y a pas de raison de ne pas commencer une RTU pour cette molécule puisque la présomption d’efficacité est plus qu’avéré. »

D'un point de vue de la recherche, Merck a publié en 2020 une étude en double aveugle avec placebo, avec des doses allant jusqu’à 10 fois (2000 µg/kg poids corporel ~ 120 mg) les doses utilisées dans la plupart des études Ivermectine et Covid-19 (200 µg/kg ~ 12 mg).

Dans cette étude d’un laboratoire américain de Merck en Pennsylvanie (Guzzo C et al., 2002), les sujets (n = 68) ont reçu un placebo ou des doses de 30 ou 60 mg (trois fois par semaine) ou 90 ou 120 mg (dose unique). Ils notent : l'ivermectine était généralement bien tolérée, sans indication de toxicité associée au système nerveux central pour les doses maximale soit 10 fois la dose approuvée par la FDA de 200 μg/kg. Les effets indésirables étaient similaires entre l'ivermectine et le placebo et n'ont pas augmenté avec la dose. Sur les 51 sujets ayant reçu de l’ivermectine, 12 sujets (24%) ont rapporté au moins une expérience clinique indésirable. Ce taux était similaire à celui observé dans le groupe placebo (6 sujets, 35%) : bouche sèche, douleur au dos ou aux jambes, anxiété, mal de tête, nausées, démangeaison de la peau, anomalie fèces. 

Conclusion : il n’a pas été noté d’effets secondaires aux doses 10 fois supérieures par rapport aux doses pour lesquels s’inquiète aujourd’hui le laboratoire Merck. De plus tous les effets secondaires étaient passagers. Guzzo C, Furtek C, Porras A, Chen C, Tipping R, Clineschmidt C, Sciberras D, J. Hsieh, K. Lasseter. Safety, tolerability, and pharmacokinetics of escalating high doses of ivermectin in healthy adult subjects. Journal of clinical pharmacology. 42,1122-1133 (2002).

On ne peut donc qu’être surpris de la position du laboratoire Merck alors que des chercheurs indépendants, des pays ont d’ores et déjà donné une approbation à l’usage de l’ivermectine et que l’Inde a vu sa courbe de mortalité fortement baisser depuis le début de l’utilisation de cette molécule en 2020.

En cherchant dans les traitements en développement chez Merck, on trouve un antiviral avec administration orale appelé le molnupiravir. Un professeur américain de médecine nous déclare : 

« Le développement du molnupiravir serait assurément remis en question si l’ivermectine devait être accepté comme traitement pour un usage généralisé. »

Merck a annoncé une perte importante de 2,1 milliards de dollar au quatrième trimestre 2020, et a arrêté le développement de vaccin. Les deux nouvelles molécules contre la Covid sur humains lui donnent une bonne raison pour lâcher l’ivermectine un traitement peu onéreux. Merck obtiendra 356 millions de dollars pour la fabrication et la fourniture d’environ 60 000 à 100 000 doses de molnupiravir MK-7110 pour le gouvernement des États-Unis jusqu’au 30 juin 2021 pour atteindre les objectifs du gouvernement en vertu de l’opération « Warp Speed ».

Au coût de deux dollars pour un traitement de cinq jours pour l’ivermectine, cette histoire n’est pas sans rappeler celle de l’hydroxychloroquine et azithromycine au cout modique de quelques euros (23 euros) par rapport au remdesivir (2200 euros).

Le repositionnement de molécule est un réel problème, souvent évoqué par le Pr Raoult et d’autres médecins, puisque quand les molécules tombent dans le domaine public, normalement après 20 ans de brevet, cela représente un manque à gagner pour les laboratoires, entraînant un frein à la R&D (recherche et développement).

Priorité aux soins des patients, à la protection sanitaire ou aux profits ? Profits quand tu nous tiens.

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